Ni du voyage, ni du paysage : Corinne Colmant

Publié le 3 Novembre 2014

Ni du voyage, ni du paysage : Corinne Colmant

Premier roman : Ni du voyage, ni du paysage de Corinne Colmant chez éditions unicité

 

 Entre récit et réalité, entre rêves fantasmés et idéologie ruinée, Corinne Colmant dépeint la vie d'une femme sur le fil du rasoir. Tantôt aimante, consumant une vie de Bohème qui lui colle à la peau et tantôt anéantie, brisée par une vie de fuite.

 Sa vie est chahutée comme une marée affolée: elle aime, elle abandonne; elle s'abandonne pour mieux s'enfuir. Eve est une héroïne de Zola marquée au fer rouge par la tare de l'infidélité.

 Cette héroïne synthétise dans son âme toutes les femmes romanesques qui se sont perdues dans un idéal amoureux.

 Corinne Colmant utilise comme colonne vertébrale de son roman l'écriture même de ce roman. Cette histoire s'écrit à deux mains : celle du narrateur qui raconte l'histoire de sa muse en plongeant dans des écrits délaissés par Eve et celle-ci qui reprend la main dans la suite du roman. Ce schéma est à la fois déroutant et passionnant. Le lecteur se pose la question de savoir qui écrit  : Kurt, l'amoureux transis qui ne se résout pas à l'abandon, ou Eve, la femme volage, amoureuse de Kurt ou plus encore Corinne Colmant qui offre aux lecteurs une partie d'elle-même.

 De cette histoire, il ne reste que le point d'ancrage : la villa aux oiseaux. Cette bicoque détruite par les marées comme un fluide glacial s'accroche de toutes ses forces à ce bout de rocher, comme Eve s'était accrochée au seul homme à qui elle vouait une passion éternelle: Kurt.

Roman de soi, roman de l'autre évoluant dans un va-et-vient comme le ressac de la mer qui s'échoue sur le sable et repart rejoindre la mer. C'est aussi un roman initiatique et voyageur où les aventures amoureuses et artistiques se chevauchent ou se délient.

Une belle rencontre artistique!

 

Quelques citations tirées du roman:

 

" Les frasques de sa tante alimentaient les conversations autant que les premières expériences amoureuses d'E, mais Tati avait réussi, passant en revue les scandales familiaux, à persuader l'adolescente qu'elle était affligée d'une tare génétique :

- C'est notoire, ta grand-mère était une femme à la cuisse légère, se commettant, lors d'escapades dans les premières automobiles, avec de sémillants pilotes, sans parler des aviateurs! Quant à ta mère, mieux vaut taire l'inconvenance de sa conduite...

Tati s'était interrompue et avait écrasé E de son oeil de vipère, la jetant dans les tourments d'un secret inavoué."

 

Eve traînait sa valise dans la nuit silencieuse. Les roulettes grinçaient sur les pavés, et les fenêtres s'allumaient. Elle se sentit comme une intruse, à réveiller tous ces gens, à briser l'harmonie du concert nocturne, les ronflements et les souffles plaintifs : elle violait un ordre parfait."

 

"Pendant la vingtaine d'années qu'ont duré mes pratiques artistiques, la scène m'a procuré la sensation exquise de poser mes valises, et de me sentir enfin chez moi, pour un instant. Ce bien-être paradoxal, je l'ai même vécu dans les plus apocalyptiques de mes expériences."

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Rédigé par toujoursalapage

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G
C'est certainement très bien écrit mais je ne compte pas le lire !
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