Système : Agnès Michaux

Publié le 4 Octobre 2017

Système : Agnès Michaux

   La mort tragique (la décapitation) d'une mère reste un fléau qui gangrène tous les orphelins. A la mort de leur père, Marissa et Paul constatent les dégâts. Ils sont anéantis en apprenant la sortie prochaine de l'assassin. Doivent-ils régler le problème? ou Reprendre le cours de leur vie?

   Ce roman psychologique retrace les méandres d'un drame qui fomente une vengeance. Celle-ci se développe, se faufile dans les souvenirs, existe dans les gestes quotidiens. Agnès Michaux serpente dans les pensées de ces deux enfants qui sont devenus adultes. Cependant, le mal est fait et ce ne sont pas les trente de prison qui permettront le pardon. Le pardon n'existe pas quand la violence s'insinue dans l'enfance. 

   Ce roman se veut aussi une quête initiatique vers la rédemption. Néanmoins, la rédemption devrait-elle commencer toujours par un drame? Agnès Michaux tente de répondre à cette question. Elle développe sa thèse sur un fond d'Ethiopie, saupoudré d'aventures racontées par un ancien d'Indochine. Parfois le lecteur se perdra dans des digressions mais retrouvera toujours le chemin de sa lucidité.

 

Belle découverte ! 

- Toi, frérot, tu as une vraie gueule d'atmosphère. Dépression et perturbations.
- C'est que tu gardes jalousement l'anticyclone, frangine.
- Je sais. Et je te l'envie, ta jolie petite gueule d'anticyclone. Ah, le secret de ton visage...Tu refuses obstinément de t'y montrer. Ce n'est pas nouveau. Peut-être parce que tu ne t'es jamais sentie bien avec nous, jamais à ta place. Notre mère t'adorait pour ce trait de caractère. Elle admirait cette force en toi d'être seule et ailleurs. C'est papa qui me l'a dit.

Chute mortelle au mont Faron
Le cadavre d'un homme a été retrouvé au bas du musée du Débarquement. On ne s'explique pas comment il a pu tomber à cet endroit. Une enquête est en cours.
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Affranchi de la règle commune, hors-la-loi, le crime lui avait redonné prise sur sa vie. Il acceptait le scandale d'une telle constatation. Quelle était la limite ? Où la vengeance devenait-elle justice? Le devenait-elle? Leur rapport restait étroit. Et le crime n°2 n'était pas plus irrationnel que le crime n°1, plutôt moins même. Se venger de l'auteur d'un tort avait été légitime pendant des siècles. Aujourd'hui, la vengeance était bannie du camp des émotions avouables, pourtant c'était bien elle qui excitait les spectateurs et les lecteurs. La vengeance, on n'avait pas inventé mieux pour faire vrombir les histoires. La vengeances, le grand moteur, le V8 impeccable. Lui avait décidé de respirer là, où le système exigeait l'étouffement, précisément dans ce ressort si important de la conscience humaine. Ce que vivaient les hommes dans l'injustice, quelle qu'elle soit, c'était la soif de vengeance. Mais on faisait tout pour qu'elle disparaisse, jusque dans le vocabulaire. On lui préférait l'atténuée revanche ou le raisonnable juste retour des choses, ou encore les militaro-hypocrites représailles et mesures de rétorsion. Tous ces détours rendaient pas les hommes plus sages. De vengeance, on n'osait même plus avoir envie. Envie. L'envie n'était pas l'acte. Devait-on être coupable d'une envie ? Quand le sang des victimes d'attentats étaient encore fumants, il se souvenait que beaucoup n'avaient même pas osé la seconde de sincérité, la seconde de colère, la seconde de violence, tellement plus vraie, tellement plus soi, tellement plus humaine, tellement plus haute, en vérité, que ce "pardon" vite balancé, que ces préventions même plus cul-cul catho mais cul-cul paumé dans un monde où il était clair qu'en haut on prêchait les bons sentiments comme réconfort opiacé d'une masse violentée de tous côtés

Rédigé par toujoursalapage

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