Autobiographie d'une courgette : Gilles Paris

Publié le 6 Mai 2013

Y a quelqu'un qui m’a dit de lire :

Autobiographie d’une courgette de Gilles Paris

 livre-2-0003.jpgIcare (oups, Courgette pour les intimes), tue accidentellement sa mère. Il avait décidé d’en découdre avec le ciel et surtout les nuages qui font pisser le malheur. Mais, le drame survient. Tous ses
problèmes tels que l’alcoolisme de sa  mère, la violence qui en découle, son père parti avec une poule surviennent du ciel. (c’est sa maman qui l’a dit).
 La vie de courgette pourrait se résumer à une série de catastrophes. Néanmoins cette dernière tragédie sonne le glas du renouveau. Cet enfant, âgé de neuf ans est placé directement au foyer « Les fontaines » où une vie heureuse, certes parfois difficile, reprend ses droits. Courgette découvre des enfants en souffrance, enfermés dans leur mal-être, violents parfois.
 Chaque enfant renferme son secret, seul Simon, un enfant plus futé, connaît tous les drames. Ils sont encadrés par des éducateurs et des adultes qui veillent à leur éducation.
 Courgette apprend le verbe aimer et désire le conjuguer tous les jours. Des amitiés se créent, des fratries se soudent. L’amour existe même si les parents ont abandonné leur rôle pour diverses raisons.

 Ce roman intimiste dévoile un regard aiguisé sur la vie dans un foyer. Gilles Paris, à travers le regard d’un enfant, arpente les couloirs, les dortoirs de ces enfants orphelins. Ce livre n’est pas larmoyant, il surfe sur une vague de bonheur. Chaque description d’enfant affine les sentiments et les souffrances des abandons. Le refus du regard de certains, la passion dévorante de deux frères pour les définitions du dictionnaire, la boulimie d’un autre…marquent les esprits. Aucun adulte ne peut rester insensible à ses attitudes blessées. Il faut aussi souligner une solidarité dans la misère. Ces enfants forment un groupe solidaire qui gère ses conflits, ses querelles sous la vigilance d’éducateur, formateur.
 Le complexe d’Œdipe est remis au goût du jour et réellement mise en scène. Pour grandir, un enfant doit tuer psychologiquement son père ou sa mère pour s’émanciper. Ce sera le cas de Courgette qui reprend goût à son existence quand il blesse mortellement sa mère.

 Gilles Paris redonne une image positive de l’éducation dans des foyers. Il affirme que l’adoption s’effectue à tous les âges et surtout que dans la vie, l’être humain doit regarder le soleil comme un allié dans la réussite de tous ses projets.
 
 Le lecteur entre, par le biais de l’admission de Courgette dans cette « prison », dans un monde souvent méconnu et jugé hâtivement. Le regard de l’enfant permet une introspection importante qui porte un réalisme supplémentaire à la narration. Le lecteur perçoit un sentiment d’accompagnateur. Son envie d’aider ou de soutenir tel ou tel enfant se développe au fil des pages. Ce roman quitte les mains du lecteur qu'à la dernière page dans un besoin salvateur.

Voici quelques citations tirées du roman :

« J’ai pas tué le ciel.
Juste crevé les nuages qui pissent que du malheur ou alors c’est papa qui m’envoie des larmes pour nettoyer le sang à la robe de chambre à maman. »

« « - Non, laissez, madame Papineau. Et puis j’ai pris assez de notes. Juste une dernière question, mon garçon. Tu te plais ici? »
 Je bois le verre d’eau avant de répondre « ben oui, on mange bien, et j’ai plein de copains. Par contre la télé, c’est pas terrible. On peut rien regarder à part les dessins animés dans le magnétoscope. Rosy dit que le journal télévisé, c’est pas pour les enfants, et les films et les émissions non plus. Rosy, elle aime pas la télé. Elle a tort, moi je la vois bien passer à « c’est mon choix » à se regarder toute changée devant le miroir ».
Ca fait rigoler madame Papineau. »

« Les adultes, des fois, ça dit des trucs stupides à cause de la peur qui leur dévore le cœur.
 Ils feraient mieux d’écouter le silence.
 On finirait par croire que les enfants sont super débiles et qu'ils n’ont qu’une envie : se percer la gorge avec une sucette, ou se casser le cou à bicyclette, ou les jambes et les bras en descendant des escaliers, ou avaler de l’eau de javel parce que ça change du Coca.
 Et il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que nous les enfants. C’est vrai qu’on est pas aussi sages que les images qui bougent jamais, mais bon, c’est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter les gens avec des bombes ou tirent avec des carabines, à part moi, mais c’était juste un revolver et j’ai pas fait ex près. Eux, les méchants, c’est toujours exprès, pour faire du mal aux gens et leurs économies et c’est pas bien. Après les gens dorment sous les ponts et ils attendent d’être aspiré par le ciel pour plus avoir à se soucier de rien. »

 

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Y a quelqu'un qui m'a dit...

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