Dis raconte moi une histoire (suite)

Publié le 19 Juillet 2010

 Fidèle à moi-même, je commandais une coupe de champagne à une charmante serveuse. Dans ce style de restaurant, les employés étaient triés sur le volet avec un certain nombre de critères dont la liste n'était pas exhaustive. L'atout premier était le faciès et le don de savoir répondre aux attentes de tous les clients. Rien ne pouvait être refusé au client qui appartenait à une certaine élite. Les employés devaient être informés des derniers potins afin de ne commettre aucun impair concernant la nouvelle fiancée de celui-ci ou la ruine potentielle de celle-ci, sans jamais émettre aucun avis. De toute évidence, la remarque serait passée inaperçu auprès de la clientèle mais l'employée indélicate aurait été réprimandée voire licenciée par ces directeurs. La charmante serveuse me fit la liste, celle-ci aussi non exhaustive, des grands crus en leur possession dont la bouteille la plus chère du monde, une bouteille de Perriet-Jouët à 4.166 euros. Voyant mon regard dubitatif, elle me conseilla une coupe de champagne Veuve Clicquot. Je validais mon choix. Je pianotais de nouveau sur mon portable, toujours aucun message.


 Entendant du bruit, à côté de ma table, je levais la tête, persuadée qu'il s'agissait de la serveuse ou de mon amie fraîchement débarquée. Je fus donc quelque peu surprise en apercevant un homme au physique ingrat qui me toisait. Je le contemplais à mon tour avec une certaine malveillance.

Sa voix me fit sursauter

-"êtes-vous Madame Leauclaire?"

- "Non, je suis mademoiselle Leauclaire": lui rétorquais-je avec un certain aplomb. Ma journée avait été suffisamment pénible pour ne pas que l'on vienne me gâcher ma soirée.

Il se saisit de la chaise située en face de moi et s'assit.

Je lui fis comprendre que son impolitesse dépassait la limite du tolérable et que j'étais susceptible de le faire exclure du restaurant. Durant cet entre-fait, la serveuse me déposa une coupe accompagnée de ses amuses-bouches. Elle proposa à mon invité un apéritif que celui-ci déclina. Ce n'était pas mon invité, mais un personnage lugubre sorti d'un roman de Hitchcock. Il concéda qu'il venait juste pour me délivrer un message. Il attendit que l'employée fit quelques pas dans la direction opposée pour me fixer de nouveau. Son regard était glacial et son silence me sembla une éternité. J'étais pétrifiée par ce regard dont je ne pouvais me démunir.

Il mit la main dans la poche de sa veste, mon sang se figea. Je blêmis, ma peau se glaça. Mon esprit vagabonda et je revis les derniers moments plaisants de ma courte existence. Je visualisait cet homme sortant un pistolet (pas le temps de vous citer la marque) et me tuant à bout portant.

Mais il dégaina la photo de ma meilleure amie quand elle avait posé dans le magazine Vogue en compagnie de gens illustres dont la décence veut que je taise les noms et me la tendit. J'étais interloquée. En silence, il se leva de sa chaise et disparut dans la salle. Je ne pus le retenir car il m'effrayais trop. J'étais comme paralysée. Je ne comprenais pas, de nombreuses questions se profilaient sans aucune réponse cohérente.

La seule chose dont j'étais sure, c'est que j'étais toujours  en vie...

Rédigé par alapage

Publié dans #Once upon a time...

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