Le canyon : Benjamin Percy

Publié le 23 Mai 2012

 Le canyon de Benjamin Percy

 

 les-livres-0015.jpgJ'avoue découvrir cet auteur avec un certain plaisir. Je l'ai croisé dans les allées de "L'été du livre" où il dédicaçait ce roman avec timidité. Il signe son second roman. Son premier roman porte le doux titre "Sous la bannière étoilée", publié en 2009.

 Benjamin Percy est né, en Oregon, en 1979. De nombreux critiques littéraires comparent cet auteur, pour "Le canyon" , à Faulkner, Hemingway ou Carver. Je rejoins sans objection cet avis.

 

 La famille Caves chasse et pèche à Echo Canyon de génération en génération. La tradition persiste mais risque d'être réduit  à néant car un complexe hôtelier s'implantera sur ces terres. Paul propose à son fils (Justin) et à son petit fils (Graham) une dernière virée entre homme. Cette sortie masculine risque de tourner au cauchemar. La nature peut devenir hostile. Le canyon risque de se refermer sur cette famille insouciante du danger. Mais le danger ne menace pas que dans cette région, en ville il faut savoir se méfier aussi des monstres qui rôdent.

 Ce roman est un roman sur les limites de l'adaptation de l'homme à de nouvelles situations. Il est aussi accès sur les réactions et les retranchements de l'esprit humain. Chaque personnage tente de vivre avec ses souffrances, ses angoisses et de se réadapter à la vie : Karen, la femme de Justin, s'est éloignée de son mari; Brian, un soldat blessé en Irak, tente de s'adapter à une vie normale; Justin tente de rétablir le contact avec son père bourru et ancré dans ses positions rustres.

 Le roman se séquence en chapitre qui porte le nom du protagoniste principal de l'aventure qui s'y déroule. Benjamin Percy pénètre les esprits de ses personnages, frôle la folie. Il leur octroie une part d'humanité et de souffrance qui redéfinit l'homme face à ses réalités.

 Le canyon devient un personnage secondaire qui étouffe les personnages, les enferment, les obligeant ainsi à faire une introspection et à redéfinir une ligne de conduite face à leur vie.

 Les liens familiaux sont exacerbés, atteignent des points de ruptures. Chaque homme de la famille doit poser les limites de son territoire. Le lecteur ressent cette tension vivace. Le huis-clos, vaste du canyon, est asphyxiant. Il est ressenti de manière physique par les personnages. Cette tension du lieu s'ajoute à la tension familiale. La violence mentale et physique se diffusent dans l'air chaud du canyon et transpire dans chaque page du roman.

 

 Bon voyage familial et méfiez vous des bêtes sauvages, elles ne sont pas toujours là où on les attend !

 

 Voici quelques citations tirées du roman :

 

 " Dans tout drame du théâtre nô, il y a cinq types de masques: dieux, démons, hommes, femmes et personnes âgées. Et ces cinq masques étaient vendus dans le foyer à la fin du spectacle. Il se rappelle avoir pris un masque de démon, avec sa peau rouge et ses yeux blancs exorbités. Une fine moustache encadrait sa bouche en s'effilant jusqu'au menton. Des cornes lui sortaient du front. Comme tous les petits garçons, il lui plaisait précisément pour sa laideur."

 " Il est tellement envahi par le désir de tuer - le même sentiment aigu et violent qui a poussé l'homme primitif à tailler un bâton avec une lame d'obsidienne -, que son existence actuelle, son école, son vélo, sa chambre paraissent bien loin quand il referme la main sur la crosse et qu'il appuie sur la détente."

 "Il pense au canyon, qui était autrefois vivant et unique. Plus maintenant. Cette partie-là a été déboisée, retournée, ensemencée, fertilisée et tondue, son caractère sauvage a été conquis, effacé, pour que des hommes puissent y vivre et y jouer."


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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #un goût d'Amérique

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