Liberté: Paul Eluard

Publié le 16 Avril 2013

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 Paul Éluard, connu pour son adhésion au dadaïsme, fonde son mouvement sur une poésie engagée. Le surréalisme devient pour lui un moyen de se démarquer, de revendiquer la notion du langage comme "but" et non comme moyen de destruction.

 Ce poète s'investit dans le parti communiste, refuse les contraintes et soutient la révolte des peuples opprimés.

 

 Ce poème, écrit durant la Seconde Guerre Mondiale, insiste sur les privations dues à un manque total de liberté. Il souligne la dureté de vivre dans l'oppression où tout droit à la dignité humaine est banni. Il repose aussi sur la condition des Résistants qui travaillaient, la peur au ventre, pour sauver la liberté de tous les hommes.

 La Liberté doit s'apprendre pour ne jamais oublier ce privilège que d'autre peuple ne possède pas. Pour l'Occident, cette notion passe au second plan tant elle est naturelle. Cependant, il faut regarder de plus près les pays qui vivent sous une dictature. Il faut savoir savourer le plaisir de prendre ses propres décisions sans contrainte, sans avoir peur des autorités malveillantes qui réduisent votre condition d'homme.

 

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom

 

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

 

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

 

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

 

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

 

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

 

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

 

Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

 

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

 

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

 

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

 

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom

 

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

 

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

 

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

 

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

 

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

 

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

 

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

 

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

 

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

 

Liberté

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Poésie

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