Quand revient l'été superbe : Gérard de Nerval
Publié le 25 Juin 2012
Je me le demande car la météo est guères clémente. Le ciel nous assène de la pluie, de la grêle. Le tout agrémenté d'un vent froid et violent. Une solution s'offre à nous. Le grand poète Gérard de Nerval tente de faire voyager son lecteur, dans une grande prairie, propice à la rêverie.
La nature est un endroit magique où les pensées vagabondent. Les paillons permettent l'envolée lyrique de nos idées. La poésie prend son essor dans le battement des ailes, multicolores, des papillons.
Gérard de Nerval est un poète, romancier, nouvelliste, né à Paris en 1808 et mort en 1855. Il appartient au mouvement
littéraire "le romantisme". Durant ses années d'études, il côtoie Théophie Gautier. La tombe de Gérard de Nerval se trouve au Père-La-Chaise.
Ah ! Quand vient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul,
Je m’étends dans la grande herbe
Comme un mort dans son linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour.
Voici le papillon faune,
Noir et jaune;
Voici le mars azuré,
Agitant des étincelles
Sur des ailes
D'un velours riche et moiré.
Voici le volcan rapide,
qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le soufré, dans l'espace,
Comme un éclair a relui...
Mais le joyaux nacré passe,
Et je ne vois plus que lui !
Comme un éventail de soie.
Il déploie
Son manteau semé d'argent,
Et sa robe bigarrée
est dorée
D'un or verdâtre et changent.
Voici le machaon-zèbre
De fauve et de noir rayé;
Le deuil, en habit funèbre
Et le miroir bleu strié;
Voici l'argus, feuille morte,
Le morio, le grand-bleu,
Et le paon-de-jour qui porte
Sur chaque aile un oeil de feu !
Mais le soir brunit nos plaines;
Les phalènes
Prennent leur essor bruyant,
Et les shynx aux couleurs sombres,
Dans les ombres
Voltigent en tournoyant....