Le poids du papillon : Erri De Luca

Publié le 14 Janvier 2013

  les-livres-0047.jpgLes Alpes italiennes regorgent de trésors dont des colonies de chamois. Les alpinistes argumentent souvent leur escalade de rencontres impromptues avec cet animal majestueux quand ceux-ci n'ont pas fui en sentant l'odeur de l'homme.

 Un braconnier raconte sa chasse interdite. Il désire dominer l'animal, imposer sa puissance. Cependant, sa volonté de tuer le "roi" des montagnes le tenaille. Il doit achever sa vie d'hors la loi en abattant celui qui lui a toujours résisté. Certes ses faits d'armes sont incontestables. Des histoires à son sujet circulent dans le café du village, mais aucun gendarme n'a jamais constaté les faits. Le vieil homme laisse vagabonder l'imaginaire des villageois. Il les côtoie, trinque avec eux néanmoins il garde ses distances et répond aux questions importunes en jouant de l'harmonica.

 Ce qui compte pour cet homme c'est d'abattre cet animal. Il doit  prouver sa domination dans un ultime combat. Ce combat que se livrent ces deux animaux est somptueux.

 L'animal est à la fin de sa vie et l'homme atteint aussi ses limites. Le fait que les deux protagonistes soient dans la même période de leur vie accentue la violence de ce duel mortel. L'animal et l'homme sont deux solitaires, aimant la montagne, lui accordant tous les crédits.

 Dans ce roman, il y a deux narrateurs qui s'affrontent. Le lecteur passe de l'esprit du chamois à celui du braconnier. Cette dualité intensifie la beauté du combat. Les protagonistes se jaugent, s'observent et surtout se respectent.

 Le poids du papillon précipite la mort d'un des personnages. La beauté poétique de ce texte porte sur la mort de l'animal en général car le lecteur doit convenir qu'il participe au règne animal.

 Pour ceux qui connaissent, le roman de "Tristan et Iseult", sa fin tragique, ne pourront rester insensible au dénouement de cette histoire.

 Bon voyage dans la montagne italienne !

 

Citazioni:

 

"Bête assassine, l'homme qui abattait les fils du roi des chamois de loin, bête qui grouillait dans la vallée et grondait comme le tonnerre quand il faisait beau. Bête solitaire, celle qui montait vers eux pour les surprendre, les emporter. Même ainsi, les chamois le préféraient à l'aigle, qui arrive par surprise sans s'annoncer par l'odeur, les jours de nuages et de brouillard, et qui pousse les petits dans le vide pour les dévorer en bas, fracassés. Mieux vaut l'homme, qu'on sent de loin et qui fait fuir l'aigle. Les chamois s'aperçoivent toujours de sa présence."

"Il avait vu les chamois franchir les précipices en pleine course, l'un derrière l'autre, exécutant une séquence de pas identique dans leur prise d'élan. Leur saut était un raccomodage entre deux bords, un point de suture au-dessus du vide. Il enviait la supériorité de l'animal, il reconnaissait la bassesse du chasseur qui invente un expédient, l'embuscade à distance. Sans la certitude de son infériorité, l'élan pour se mettre à la hauteur fait défaut."

 

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #espresso - cappuccino - tiramisu...

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