Les hirondelles de Kaboul : Yasmina Khadra

Publié le 25 Mai 2012

 Y a quelqu'un qui m'a dit de lire

 

 Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra

 

 IMG_0007.jpgYasmina Khadra emmène son lecteur dans les rues hostiles de Kaboul. Des hommes et des femmes vivent un véritable traumatisme, persécutés par les Taliban. Chacun reste prostré dans ses conditions. Atiq, le geôlier de la prison pour femme, vit un véritable enfer. Sa femme est souffrante mais il ne peut la répudier car elle lui a sauvé la vie durant la guerre opposant Kaboul aux soviétiques. Moshen vit avec une femme moderne qui désire vivre hors de sa prison, sa tchadri.

 Les visions masculines et féminines se juxtaposent, afin de donner une résonance exacte aux sentiments d'impuissance face à la violence exercée par les Taliban. Les hirondelles de Kaboul sont ces visages féminins cachés. Elles ne possèdent aucun droit, doivent vivre sous la domination des hommes. Cette frustration atteint les limites de la folie. Une femme,  Zunaira, souffre de cette violence faite aux femmes. Malgré un mari aimant et compréhensif, elle se rebiffe contre sa condition et risque la peine capitale sans procès. Une femme subira son supplice à sa place pour l'amour d'un homme.

 A Kaboul, les sourires, les visages sont voués au silence éternel. Cette prison à ciel ouvert s'oppose au monde occidental.

 

 Ce roman permet aux occidentaux de comprendre la souffrance infligée aux femmes mais aussi le drame qui persécute ce peuple. Yasmina Khadra donne la parole aux femmes, honnêtes et franches. Le style n'est pas larmoyant mais le lecteur perçoit la terreur de ses femmes. Il comprend l'impuissance de certains hommes face à l'incompréhension et à la violente d'une guerre des nerfs. Ce roman dépeint l'obscurantisme qui ternit l'image de Kaboul.

 La religion est abordée mais d'un point de vue dominant et interprétée de manière dictatoriale. Les hommes sont obligés d'assister à des prières visant à vénérer les chefs taliban.

 Ce roman est le second roman de la trilogie consacrée à l'incompréhension culturelle entre l'Occident et l'Orient. Le premier roman est "L'attentat" et le dernier porte le titre suivant :"Sirènes de Bagdad"

 

 Voici quelques citations tirées du roman :

 

 "La mort, pour lui et pour les autres, n'est qu'une banalité. D'ailleurs, tout est banalité. Hormis les exécutions qui réconfortent les survivants chaque fois que les mollahs balaient devant leur porte, il n'y a rien. Kaboul est devenue l'antichambre de l'au-delà. Une antichambre obscure où les repères sont falsifiés; un calvaire pudibond ; une insoutenable latence observée dans la plus stricte intimité."

 "Le seul moyen de lutte qui nous reste, pour refuser l'arbitraire et la barbarie, est de ne pas renoncer à notre éducation. Nous avons été élevés en êtres humains, avec un oeil sur la part du Seigneur et un autre sur la part des mortels que nous sommes ; connu d'assez près les lustres et les réverbères pour ne croire qu'à la seule lumière des bougies, goûté aux joies de la vie et nous les avons trouvées aussi bonnes que les joies éternelles. Nous ne pouvons accepter que l'on nous assimile au bétail."

 "Car Kaboul a horreur du souvenir. Elle a fait exécuter son histoire sur la place publique, immolé les noms de ses rues dans de terrifiants autodafés, pulvérisé ses monuments à coups de dynamite et résilié les serments que ses fondateurs ont signés dans le sang ennemi. Aujourd'hui, les ennemis de Kaboul sont ses propres rejetons. Ils ont reniéleurs ancêtres et se sont défigurés afin de ne ressembler à personne, surtout pas à ces êtres assujetis qui errent, tels des spectres, à travers le mépris des taliban et l'anathème des gourous."

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Rédigé par toujoursalapage

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